Roule la vie
Je veux écrire sur les murs mes pensées, mes pensées dorées, mes pensées bafouées.
Il y a quelques années, nous avons travaillé sur l'autobiographie. L'autobiographie, l'écriture sur soi. Un style littéraire où l'auteur est dans l'obligation de révéler l'entière vérité à ses lecteurs. En soit ça n'est pas compliquer d'écrire des choses banales à notre égard. Écrire son nom son prénom et sa couleur préférée, parait anodin et d'une simplicité enfantine. Mais quand vous cherchez au cœur de vous, certains faits cela, peut devenir floue ou insignifiant. Nous avions comme défis dans un premier temps d'écrire un incipit, quelque chose de quelconque, basic et sans grande importance, ensuite il fallait gribouiller quelques lignes à propos de notre saison préférée et remplir le questionnaire de Marcel Proust. Mais surtout nous devions écrire quelque chose sur un lieu de notre enfance.
Et c'est la que toute l’essence prend sens; que choisir ? Alors on commence à faire défiler tous les lieux plausibles au fin fond de notre cervelle. Puis soudain, un endroit apparait. Il est à la fois triste et joyeux. Mais il est significatif. Ce jour là, je ne sais gère pourquoi j'avais choisis cette maison. Son seule souvenir me fait trembler. Parce que l'écriture d'une autobiographie ce n'est pas seulement le fait de raconter en apparence, c'est de raconter en profondeur. Et c'est comme en plongée, plus c'est profond et plus ça fait peur. Cet évènement et probablement l'un des plus encré au fond de moi.
De plus, l'écriture sur soi ça n'est pas seulement une question de superficialité, c'est aussi une question de sentiment. En effet cela fait renaitre en nous des émotions cachées, la tristesse, la nostalgie, la joie, la pluie et le soleil. C'est une véritable redécouverte de soi-même. J'ai trouvé effrayante la page vide devant moi. Un vide qu'il fallait comblé avec des mots, un page vierge sur laquelle il fallait inscrit ses plus profonds troubles, ses plus intimes secrets. Mais j'avais promis, promis d'écrire la vérité, promis de retranscrire ma mémoire sur ces feuilles blanches.
Je ne savais pas par quoi débuter alors j'ai commencé par annoncer mes incertitudes "Évidemment, il y a beaucoup de lieux associés à mon enfance, mais lorsque je ferme les yeux c’est celui-ci qui apparait…"
Puis j'ai poursuivit "La maison de mes grands-parents paternels. Dans cette demeure j’ai connu des moments de bonheurs mais aussi de malheurs, mais là n’est pas la question, je me dois de ne conter que les meilleurs souvenirs."
Je devais annoncer ceci à mes lecteurs, j'ai toujours le besoin de justifier mes sentiments, mes émotions.
J'ai ensuite fait le choix de présenter ce lieu "Cette maison est la maison d’un petit bourg de la région centre, entourée d’un beau jardin, c’est une maison merveilleuse". J'ai un pincement au cœur en lisant la suite...
J'ai assembler mes souvenirs afin de rendre un ensemble uniforme, conforme à une page d'écriture. J'ai du faire appel à ma vieille mémoire pour choisir les évènements les plus marquants, et il y en a tellement."Je me souviens des longues parties de cache-cache avec mes cousines ou ma grand-mère. Au rez de chaussée il y avait un garage ainsi qu’un garde-manger où étaient alignés sur les étagères, de multiples bocaux de fruit. À l’étage se trouvaient les pièces principales dont la cuisine : je me rappelle avoir confectionné de délicieuses tartes, les meilleures de toutes mais mon moment préféré était de les déguster. À l’étage se trouvaient également les chambres et au dernier niveau le grenier qui gardait de multiples trésors familiaux. Sur le balcon, les soirs d’été nous nous installions ma famille et moi dans des transats et nous regardions les étoiles, hélas je n’ai jamais pu voir une étoile filante."
Les étoiles... un moment simple et insignifiant pour vous mais remplie de signification pour moi.
A l'époque je n'ai pas trouvé les mots pour l'expliquer. Je ne suis pas plus certaine de les trouver maintenant, mais je vais essayer. Les étoiles sont au niveau scientifique, d'énormes boules de gaz en ébulition, se trouvant à des centaines de millier d'années lumières de nous. Mais pour moi elles représentent une vision beaucoup plus poétique. Les étoiles depuis ce jour représentent les âmes qui ont quitté notre univers. Cela paraitra complétement irrationnel aux scientifiques mais rêveuse comme je suis cela me semble tout à fait cohérent.
Ainsi chaque fois que je regarde le ciel étoilé, je pense à elle, chaque fois que je regarde cet éther pur, j'ai son visage qui m'apparait, et c'est comme si elle n'était jamais partie. Parfois j'ai la chance d'apercevoir des étoiles filantes, alors c'est pour moi comme si elle me souriait...
Elle était la seule à me comprendre, comprendre ma solitude et mon désarrois. Les larmes coulent sur mes joues, de grosses larmes chaudes. Je met de côté cette tristesse et continue."Un immense terrain bordait la maison, il y avait un grand sol-pleureur que j’adorais mais je ne me souviens pas pourquoi ! Un verger et un potager se trouvaient à côté de la demeure et au fond, cachée une cabane. J’aimais les après dédiés au jardinage soit à équeuter les haricots ou à arroser les plantes. Mon jeu préféré était « la fleuriste », je composais de beaux bouquets pour ma grand-mère. Au fond du jardin se trouvait également un bassin, avec mes cousines nous essayons d’attraper les quelques poissons qui s’y trouvaient, avec le recul je me dis que c’était complètement ridicule ! "
Il faut ensuite, conclure le paragraphe "Hélas suite à un accident la maison a dû être mise en vente et, tous ces beaux souvenirs se sont envolés…" Ceci est très subtile mais le mot "mort" sonne mal, il est trop dru et trop compliqué, surtout pour une gamine de six ans. Ici, on dira qu'elle s'est envolée, envolée vers les étoile, cela à l'air plus joli, moins soudain...
"Après cela je suis retournée une fois à ce domicile mais il était totalement vide, sans vie, comme mort… Cependant cela restera LE lieu de mon enfance." Intention cachée pour ne pas brusquer le lecteur, mais qui me touche au plus profond de mon cœur.
A mon étoile, à ma grand-mère. Mais 'roule la vie'.
Commentaires
Enregistrer un commentaire