Un personnage ordinaire qui paraît extraordinaire (sujet invention ).




   Elle avait pris ce pli dans notre âge enfantin de nous garder au quotidien. Elle s’appelait Marie-Louise mais elle répondait plus communément au nom de « Malou ». Elle était patiente et attentionnée, aimante et déterminée, attachante et appliquée.
Comme chaque matin ma sœur et moi étudions les mathématiques et la littérature. Nous nous installions dans un petit cabinet comportant une table d’acajou et des chaises en velours. Là, elle nous expliquait la leçon du jour et nous donnais une page d’exercice ; alors elle se dirigeait vers la grande fenêtre et observait le paysage. La clarté du jour illuminait son visage angélique. Mademoiselle Malou était vêtue de manière simple, elle portait généralement une longue robe d’une couleur pastel maintenue par un ruban éclatant autour de la taille. Ses cheveux étaient toujours coiffés en un chignon serré, et fil du temps ses cheveux blonds devenaient parsemés de brins argentés. Son visage semblait aussi avoir survécu aux épreuves de la vie si l’on s’en tenait au quelques plis qui ornaient la commissure de ses lèvres et le coin de ses yeux.  Son parfum singulier embaumait le petit cabinet d’un voile fin, fleurit et fruité. Abricot, Rose et Jasmin : une odeur délicieuse qui me faisait voyageait loin du cabinet et des pages d’exercice.
Après, elle nous accompagnait pour une promenade. Nous courions, sautions, trottions, gambadions. Mais parfois l’une de nous tombait, alors elle accourait pour nous soigner. Installer dans sa minuscule chambre et avec ses doigts de fée, elle faisait danser le produit désinfectant, elle aspergeait et vaporisait l’égratignure. Ensuite, elle collait un petit pansement sur la blessure et ajoutait délicatement un baiser sur l’écorchure. Alors nous séchions nos grosses larmes et repartions à toute allure en quête de nouvelles aventures. Ainsi Malou m’apparaissait comme une sauveuse et une protectrice, près d’elle je me sentais en sécurité.

De temps en temps, lorsque nous jouions Constance me disputais. De ce fait elle refusait catégoriquement de me parler. Désespérée, je me rendais dans la cuisine afin de trouver du réconfort. Je me cachais derrière la porte et par l’embrasure je regardais notre nourrice s’afférait. Elle touillait, saupoudrait, coupait, ajoutait, broyait, mélangeait, écrasait, fouettait dans le but de rendre les plus simples aliments en quelque chose de gourmet. Elle agitait  sa cuillère en bois comme une fée agiterait sa baguette magique. J’étais émerveillée par ce spectacle, mais un moment d’inattention, un craquement et elle me démasquait. Et en riant elle me disait « Entre demoiselle et vient me dire si mon plat est réussi. ». J’entrais doucement et avec délicatesse, puis tout en faisant voltiger mes nattes blondes, elle me soulevait sur la table. Elle me faisait, ensuite, goutter et me regardait avec ses yeux pétillants. J’acquiesçais et souriais en signe d’approbation, mais jamais je ne lui disais que ce mets était délicieux, je le gardais pour moi comme un trésor. Elle murmurait par la suite «  Va te laver les mains petit canard », puis généralement elle embrassait mon front de ses lèvres douces. Je sautais de mon perchoir et me précipitais vers l’entrée mais elle ajoutait avant que j’ai franchi le seuil de la porte : «  Tu sonneras la cloche, le repas est prêt. ».
Le soir, avant de dormir quand nous étions sage Constance et moi, elle prenait un livre de la bibliothèque et nous faisait la lecture. Tantôt il s’agissait de Jane Eyre, d’autres fois de David Copperfield ou bien même de Notre dame de Paris mais mon préféré resté sans aucun doute la princesse de Clève. La jeune héroïne qu’était Madame de Clève représentait la grâce, l’amour et la beauté. Malou transformait les classiques littéraires en quelques choses d’intéressant. Elle avait ce don de faire vivre les mots, tel que l’histoire me paressais réel. D’ailleurs quand elle nous contait La princesse de Clève je voyais danser Malou dans une belle robe soyeuse. La princesse me faisait étonnamment penser à elle. C’est peut-être pour cette raison là que le livre me plaisait tant…


Commentaires