Un soir (sujet invention)
Un soir alors que je fêtais mon seizième anniversaire en compagnie de mon père et de ma sœur, je reçu un cadeau étrange, un héritage familiale. C’était un livre, ancien à en juger par l’état de sa couverture. Les pages étaient jaunies par le temps et un parfum enivrant de vieux livre se dégageait du grimoire. Ce cadeau paraissait idéal, étant donné mon goût prononcé pour la lecture. Cependant je restais perplexe devant l’ouvrage à la couverture de cuir et au titre gravé en lettre d’or ; « Les cents nuits de la peur », de plus il était fermé par un petit verrou. Je pris le temps de souffler mes bougies et de remercier mon père d’un baiser sur chaque joue. Après avoir pris congé de cette petite famille, je pris la direction de ma chambre. Je gravis les escaliers avec un grincement régulier sur chacune des marches.
Arrivée à l’étage, je distinguai que le couloir était vide et sombre, et présentait presque un aspect sinistre. J’avançai d’un pas indécis sur le vieux parquet en chêne avec le livre pesant dans mes bras. Le parquet chantait une complainte de craquement sous mon poids. Pourquoi mes mains tremblaient-elles subitement ? Et pourquoi mon rythme cardiaque s’accélérait-il dans ce lieu pourtant familier ? Soudain j’entendis un bruit sourd provenant de ma chambre au fond du couloir, je me précipitai donc vers celle-ci et ouvrit ma porte à la volée. Dès que je l’eus ouverte, je remarquai que j’avais laissé la fenêtre entrebâillée et une bourrasque de vent avait fait tomber mon pot à crayon. Je posai mon livre sur le rebord de ma commode et me dépêchai de ramasser le désordre qui se trouvait sur le plancher. Après tout ce remue-ménage, avec minutie je scrutai ma chambre. J’observais livres et cahiers colorés alignés sur une étagère, en passant par la grande armoire surplombant la pièce, jusqu’au lit garnit de coussins de taille différentes et sans oublier un petit secrétaire qui se trouvait à côté de la fenêtre. Il y avait également un petit cadre représentant le portrait d’un jeune homme, accroché sur le papier vert. Puis je me mis au lit, fatiguée par cette longue journée.
Je regardais à présent le plafond un peu défraichis. Nous avions emménagés, ma sœur, mon père et moi-même, l’été dernier après la mort de ma mère dans cette vieille maison, « pour reconstruire nos vies et oublié ce malheur » comme disait mon père.
Cette maison isolée se trouvait dans un petit village de Bourgogne, au milieu de la campagne. La masure était, immense, usée et abîmée par les années. A la pensée de ma mère je fus nostalgique et je finis par m’endormir épuisée et noyée dans mes pensées.
D’un seul coup au milieu de la nuit, la maison me sembla trembler, elle craquait et remuait comme une âme qui s’éveille. Avec hésitation je sortis de mon lit, la lune à travers les rideaux laissait entrevoir une faible lumière blanchâtre. Je m’approchai à petit pas vers ma commode et immédiatement je me souvins du manuscrit. Il était à présent ouvert, tombé au sol. Je balayais de mes yeux bleus la page ouverte. Je remarquai un vieux dessin représentant un animal de la mythologie ancienne. Puis je ne sus expliquer par quel moyen une lumière éblouissante sortît du livre, comme par magie. Ma vue se brouilla, mon cœur faillit manquer un battement, mon corps tout entier trembla. J’en vins presque à croire que je fus transportée par une force invisible.
La lumière s’éteignit laissant place à une salle de réception, probablement dans un château. Des couples dansaient, ils avaient revêtus leur belle toilette et valsaient au rythme des violons. On aurait pu croire qu’il s’agissait d’un lieu de fête mais malgré les torches accrochées aux murs de pierre, la musique entraînante et les danseurs festoyants il y avait à cet endroit une vague de mystère et une ambiance inquiétante. La musique s’emblait être une complainte, les torches des yeux infâmes qui nous espionnent et les danseurs étaient tels des automates sans émotions. Je ne pus m’empêcher d’admirer chaque détails de la salle, mes yeux se posèrent sur une peinture, la même que celle de ma chambre. Mais avant que j’ai le temps de penser à quoi que ce soit, un jeune homme, aux traits effacés par ma mémoire mais séduisant m’invita le temps d’une danse. Il me sembla qu’à cet instant je portais une longue robe de soie rose pâle. Mes cheveux étaient coiffés en un joli chignon, lui-même couronnait d’une fleur rouge afin de raffiner un peu d’avantage ma tenue. Je ne sus dire par quel enchantement je me trouvais ici, dans cette vaste salle de danse, habillée de cette manière-là. Le jeune homme me tendit son bras et nous commençâmes à virevolter comme des flocons de neige tombant du ciel hivernal.
Mais soudainement les lumières s’éteignirent et la musique s’arrêtât, tous devint sombre et silencieux. Seule une lueur éclairait très faiblement un lieu encore plus étrange que le précédent. Je me demandai comment j’avais pu changer de pièce d’un instant à l’autre, quand, j’entendis un pas lourd et lent se rapprocher dangereusement de moi. Le bruit s’arrêta brutalement et je vis dans l’obscurité deux gros yeux rouge luisant qui me faisaient face. Je ne pus distinguer le rêve de la réalité. Mon cœur battait à la chamade et tambourinait dans ma poitrine, une sueur froide perlait sur mon front, mes mains tremblaient terriblement, mon corps tout entier était en alerte. Je me trouvais face à une créature terriblement laide. La bête était immense, un corps de lion imposant, une dentition pointue, des yeux de sang, des ailes de chauve-souris et une queue de scorpions qui s’agitait derrière lui. Je sus au premier regard qu’il s’agissait du « Manticore ». Je n’osais pas y croire, je me persuadais que j’allais me réveiller d’une minute à l’autre, tout ceci n’avait aucun sens ! L’animal féroce s’approchait encore près de mon visage, je sentais son souffle chaud et son haleine empestée, je voyais ses dents pointues et sa queue de scorpion qui dansait frénétiquement au-dessus de ma tête. J’étais tout simplement tétanisée, incapable de faire un seul mouvement et je me surprise à penser que je ferais un charmant dîner pour ce monstre. Il allait me dévorer quand j’entendis une voix derrière la créature, même armé je le reconnus ; le beau jeune homme qui m’avait invité à danser.
La dernière vision que j’eu, ce fus le jeune inconnu lui sautant à la gorge avec son épée d’acier, car brutalement tout devint lumineux encore une fois, et la force invisible me ramena dans mon lit avant que je me réveille en sursaut dans ma chambre baigné des premiers rayons du soleil. Le livre se trouvait toujours au milieu de la pièce ouvert sur la page du manticore, auquel je crus un instant le voir remuer dans la page du livre. Des milliers de questions me vinrent à l’esprit, je passai ma main dans mes cheveux en signe de réflexion, mais elles s’arrêtèrent nettes dès qu’elles sentirent quelque chose dans ma chevelure doré. Je la retirai et remarqua qu’il s’agissait de la fleur du bal. Mais yeux s’agrandirent, je ne comprenais pas. Je me demandais si cela avait été belle et bien réel. J’hésitai longuement sur la réponse, à présent j’appréhendais vivement la nuit prochaine, qu’adviendrait-il à minuit ? Une vague d’angoisse s’empara de moi à ce moment précis…
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